Petit Bao se déconfine
Comme de nombreux établissements, Petit Bao, enseigne de restauration chinoise du 2ème arrondissement, n’a pu accueillir de clients pendant plus de 2 mois. L’équipe s’est adaptée et s’est engagée pendant le confinement pour restaurer les soignants et les sans-abris. Partiellement ouvert jusqu’au 14 juin, Céline Chung, co-fondatrice du restaurant, nous raconte comment Petit Bao s’est déconfiné entre règles d’hygiène très strictes et volonté des parisiens de retrouver une vie normale.
Êtes vous parvenus à maintenir une activité malgré la fermeture des restaurants imposée ?
Les deux premières semaines de confinement, on les a passées à organiser la fermeture du restaurant et mettre en place l’administratif nécessaire. Mais Petit Bao ne trouvait plus son objectif de faire plaisir aux gens. Face aux sans abris dans la rue, aux soignants et aux plus démunis, on a voulu les aider. Sans trésorerie on ne pouvait pas fournir des repas gratuitement. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de vendre des kits recettes à nos clients. Les bénéfices ont servi à proposer des repas aux soignants et aux plus démunis, en partenariat avec “Protège ton soignant” et “Les Ravitailleurs”. On a maintenu notre activité mais les chiffres étaient mauvais.
Au bout d’un mois, la logistique était compliquée. On avait créé le Bao-shop, qui est un site de e-commerce, mais c’est un nouveau métier. On s’est rendu compte qu’on avait beaucoup donné et qu’on était en train d’exercer un nouveau métier qui n’est pas la restauration. C’est pourquoi nous sommes revenu à la cuisine pour proposer la livraison, le take-away et le click-and-collect. Grâce à ça nous avons pu récupérer 50% de notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui on est passé à 70%. On se garde la possibilité de continuer. On ne connaît pas encore le comportement des parisiens, donc il faut maintenir les emplois, c’est le plus important. Pour que toutes nos équipes puissent travailler, il faut pouvoir anticiper.
Comment s’est déroulée la reprise de votre activité ?
La reprise s’est bien passée mais cela a demandé de la réorganisation. Il fallait mettre en place tout ce nouveau modèle. Nous avions une petite terrasse (6 tables) qu’il a fallu espacer. L’appréhension est liée à l’incertitude. Même si on fait au mieux pour exercer notre métier, il faut intégrer les règles dans notre pratique. De plus, on ne connaît pas les réactions de nos clients, il faut eux aussi qu’ils s’adaptent : 6 tables sur 60, ce n’est pas assez pour maintenir une activité économique suffisante. Même avec 30 places, ce n’est pas suffisant.
Parvenez-vous à faire respecter les gestes barrières au personnel et à vos clients ?
En effet, on essaie de respecter au maximum la règle d’1 mètre de distance entre chaque personne mais le trottoir est petit. On donne des lingettes aux clients dès le début. Le menu est digitalisé pour limiter les contacts entre le personnel et les clients : il suffit de scanner un QR Code présenté par le serveur et le menu apparaît sur le smartphone du client. Cela nous évite également de devoir désinfecter le menu.
Les parisiens ont un peu de mal à maintenir la distance de sécurité ; il faut leur rappeler régulièrement. On a fait des marquages au sol et placé des fûts de bières pour que les gens respectent cette distance.
Les clients étaient-ils au rendez-vous lors de la réouverture?
Notre outil de communication principal c’est vraiment Instagram : nous avons pu rester en contact avec notre communauté de followers, les habitants du quartier notamment. Nous sommes un restaurant de quartier et notre clientèle de proximité nous est très fidèle ; cela fait vraiment plaisir !
On fait toujours beaucoup de ventes à emporter et de livraisons mais la terrasse est toujours remplie. On a un store et des paravents pour protéger de la pluie et du vent. Le panier moyen a un peu augmenté, on sent qu’il y a une envie de (se) faire plaisir.
Comment envisagez-vous la suite ?
Nous sommes très optimistes : on ouvre un deuxième resto, Gros Bao, début juillet. On a décidé de l’ouvrir malgré cette période assez floue et sommes assez confiants quant à cette reprise d’activité. Les parisiens ont envie de se faire plaisir, de découvrir de nouveaux lieux.